Église Saint Rigomer et Sainte Ténestine
Edifiée sur un point haut du village sur l’emplacement d’un bâtiment plus ancien (Xe siècle) et d’une crypte d’origine mérovingienne (VIe siècle), l’église Saint-Rigomer-Sainte Ténestine date du XIIIème siècle.
L’église paroissiale Saint-Rigomer-Sainte-Ténestine, se dresse au cœur du bourg ancien, sur une butte qui domine la place du village. Elle est protégée au titre des Monuments historiques, ISMH (arrêté du 19 octobre 1927).
Elle est le symbole de la permanence du village, du lien entre les générations. Plus vieux bâtiment du village, construit dès l’origine en matériaux faits pour durer (pierre, tuiles…) elle a traversé aux rigueurs du temps régulièrement restaurée et agrandie pour répondre aux besoins.
Auparavant l’église était entourée de son cimetière encore attesté par une photo des années 1850 et qui a été déplacée en 1859 en dehors des limites des habitations.
Du cimetière ancien reste une croix datée de 1602, monument historique classé (21 décembre 1984) jouxtant l’église.
Historique et construction
De la première église, fondée vers 530 par Childebert 1er, fils de Clovis et de Sainte Clotilde, il ne reste plus que la crypte, en forme de croix, aux proportions très humbles et très restaurée en 1860, époque où a été placé le cénotaphe de Saint-Geneviève. Ce lieu de culte était rattaché à l’église de Palaiseau siège du domaine du roi mérovingien. Il avait été édifié en souvenir d’un miracle accompli par saint Rigomer. Ce clerc était accusé d’entretenir des relations coupables avec la jeune Ténestine. Sur la plainte du fiancé de Ténestine, il fut conduit devant la cour du roi à Palaiseau. Childebert invoqua la justice divine : si les cierges que tenaient les deux futurs saints, s’allumaient d’eux-mêmes, ils seraient reconnus non coupables. Rigomer et Ténestine se mirent à genoux pour prier et les cierges s’allumèrent.
Cette origine mérovingienne est attestée par des fouilles menées au début des années 19701 qui ont permis de mettre à jour des sarcophages mérovingiens.
1Il en est rendu compte dans l’ouvrage de Jean Cattant "Les civilisations oubliées des sites désertés de Palaiseau", Maison des jeunes et de la culture de Palaiseau, 1978
Ces fouilles ont aussi mis à jour les traces d’une ancienne chapelle romane bâtie sur la crypte à la fin du 11ème siècle. L’église actuelle avec son clocher et son transept date du 13ème siècle époque du grand essor observé en France sous le règne de Saint-Louis. Les gros piliers de la nef témoignent de cette époque. L’édifice, caractéristique des églises rurales, est construit en matériaux locaux : grosses pierres de meulière ou de grès et moellons. Trois plaques funéraires se trouvent dans l’allée centrale. Sur une le nom d’un des anciens seigneurs de Vauhallan, Jean de Moulineaux est encore partiellement lisible.
Au XIVème siècle sous le règne de Charles VI (1368-1422), alors que le pays subit les combats de la Guerre de Cent Ans (1337-1453) et à partir de 1348, les ravages de la grande peste qui décime une partie de l’Ile-de-France (il ne reste que deux habitants à Vauhallan en 1394), l’église fut restaurée grâce au roi devenu seigneur de Vauhallan en 1372. Une des clefs de voûte (celle de la troisième travée) porte les armes royales (fleurs de lys). Elle est actuellement déposée à cause des risques qu’elle présentait.
En 1479, par décision du 10 décembre, l’évêque de Paris, décide de rattacher l’église de Vauhallan à celle de Saclay, c’est-à-dire qu’il n’y avait plus de curé résidant à Vauhallan. La vie paroissiale continua avec le curé de Saclay ou parfois avec un vicaire détaché, ce qui durera jusqu’au XVIIIe siècle, mais cela n’a pas empêché l’église de se maintenir.
Au milieu du XVIIe siècle, François Passart, seigneur par achat du fief en 1654, fit restaurer et agrandir l’église (ses armes figurent à la clef de la seconde travée et celles de sa femme, Andrée Lucas, à la clef de la première). C’est à la même époque que furent construits le bas-côté gauche et le portail carré. 1712, la famille de Villemur offre les trois cloches. Une des trois a survécu à la Révolution.
Durant la Révolution, l’église souffrit énormément. En 1793, ses tombeaux furent profanés, le sanctuaire dévasté, ses boiseries brisées et le mobilier vendu aux enchères publiques. Ainsi dépouillée, l’église fut convertie en temple de la déesse Raison, à l’instar de l’église de Saclay et sa crypte louée pour des usages agricoles.
L’église ne fut rouverte au culte qu’en 1823 mais les mauvais traitements et l’abandon qu’elle avait subis, entraînèrent sa dégradation.
En 1853, l’évêque de Versailles dut en interdire l’accès tant son délabrement mettait en danger la vie des personnes qui s’y rassemblaient.
En 1859, la nouvelle municipalité de Vauhallan (Eugène de Stadler, maire, et Alexandre de Cayrol, adjoint) entreprit la restauration totale de l’édifice qui depuis est resté ouverte aux cultes sans interruption. C’est à ce moment-là qu’elle fut remeublée et que vitraux, statues et tableaux sont venus la décorer. Depuis des travaux réguliers sont effectués pour l’entretenir. C’est aussi du second Empire que date le décor en fausses pierres, des enduits des murs intérieurs. Ornementation classique dans les églises symbolique du «Tu es Pierre et sur cette pierre je construirai mon église».
Décor intérieur
Le décor est composite. Si d’après l’Abbé Geoffroy, auteur d’une monographie de l’église en 1859, seules deux statues du 15ème siècle de la Vierge et de Saint Jean, datent encore du décor d’avant la Révolution, l’essentiel en a été refait au XIXe siècle. Un autel de la Vierge Marie surmonté d’une statue de la Vierge a été aussi réalisé à cette époque dans le bas-côté nord. Le maître autel baroque provient, lui, d’une autre église.
Les murs sont ornés de tableaux variés. Plusieurs toiles sont des copies de gravures du peintre Sébastien Bourdon (1616-1671) de la série des Œuvres de Miséricorde. Sur les cinq mises en place au XIXe siècle, il en reste trois : Vêtir les pauvres, Donner à boire aux assoiffés, Accueillir l’étranger. Une autre série est aussi intéressante. Ce sont des ex dono légués par de pieux paroissiens. Ces toiles sont inspirées de tableaux2, et ont pour thème les mystères joyeux : l’Annonciation, la Visitation, l’Adoration des Bergers. D’autres toiles ornent les murs eux aussi sans doute objets de dons : une autre adoration et le martyre de Saint Barthélemy signé Brague3 sans oublier un Christ et sa Mère (Ecce Homo) du début du XVIIe siècle4. Un autre élément du décor est tout à fait original. Sur la porte sont peints les noms et dates de personnages historiques de Vauhallan, des seigneurs aux maires en passant par les plus vieilles familles avec leur date d’arrivée dans le village. L’abbé Geoffroy indique dans sa monographie de l’église de Vauhallan que ces personnages auraient dû aussi figurer sur un tableau qui ne fut jamais exécuté pour l’église mais qui a servi de sujet d’étude au peintre Albert Besnard (1849-1934) .
Les vitraux datent du XIXème siècle. A cette époque les vitraux ne sont plus uniquement axés sur l’histoire sainte comme par le passé. Ils ont été financés pour la plupart par de pieux paroissiens. Ils proviennent d’ateliers parisiens notamment Rouvière (Saint-Vincent, Sainte Pauline) et Chabin. Deux vitraux (Sainte-Marthe et Sainte Pauline) ont été restaurés au début des années 2000. D’autres demanderaient aussi actuellement d’être repris, notamment celui des donateurs. A noter qu’un vitrail qui avait été offert par le Prince Jérôme Bonaparte, a été détruit durant la seconde guerre mondiale. .
On distingue trois types de vitraux : un « historique » relatant le miracle de saint Rigomer et sainte Ténestine ; un « vitrail religieux » au-dessus de l’autel, une Assomption de la Vierge Marie, les autres sont « personnalisés », avec des saints patrons(nes) de paroissiens (sainte Marthe, sainte Pauline, saint Hippolyte…), ou patron de confrérie (celle de Saint-Vincent des vignerons) voire pour celui au-dessus de la petite porte latérale avec le nom et les armoiries des donateurs.
Le décor intérieur a été complété en 1921 année ou a été scellée une plaque en mémoire des paroissiens morts durant la première guerre mondiale.
2 D’après la Base Mérimée : Deux tableaux de cet ensemble sont des copies « interprétées » d'œuvre du peintre Carlo Maratta. Dans la scène de l'Annonciation, la copie est fidèle pour l'archange et le Saint-Esprit, mais non pour la Vierge. Dans la scène de la Visitation, seul le groupe de la Vierge et de Sainte-Elisabeth est copié d'une œuvre de Maratta (1615-1713).
3 Cargne d’après la Base Palissy
4 Sur la base Palissy il est donné pour « 19e siècle ? » et indiqué comme une copie de Simon Vouet (1590-1649) et ne figure pas parmi les objets inscrit en juin 1977, pas plus d’ailleurs qu’on ne le trouve dans les œuvres de S. Vouet…
5 Sur ce tableau cf. Albert Besnard, modernités Belle Epoque, Editions Somogy, Paris 2016.
Bibliographie
- Abbé A. Geoffroy, Pèlerinage historique et religieux à l'église et à la crypte de Vauhallan, publié en 1860 à Versailles et republié en 1994 par les soins de l'association Essonne Millénaire.
- Abbé Lebeuf, Histoire du diocèse de Paris, Paris, 1757, (Tome huit)
Iconographie
- Jean-Jacques Champin (1796-1860), une gravure
- Gustave Fraipont (1849-1923), une gravure
- Léon Printemps (1871-1945), plusieurs tableaux
Fermeture
L'église de Vauhallan est actuellement fermée au public pour des raisons de sécurité
L’église St-Rigomer et Ste-Ténestine de Vauhallan a été fermée en octobre 2022 (arrêté n°44 du 28 septembre 2022) pour des raisons de sécurité car les deux seules clefs de voûtes encore existantes présentent le risque de se désolidariser.
Infos pratiques
Église St Rigomer et Ste Ténestine
rue de l'Eglise
91430 VAUHALLAN - France
Accessible aux personnes à mobilité réduite